Une équipe britannique a découvert que les pétales blancs, roses ou jaunes de nombreuses fleurs produisaient un signal lumineux imitant le bleu. L’une des seules couleurs auxquelles ces insectes sont sensibles.
Les stries présentes à la surface des pétales (en haut, la fleur d’une heure, ci-dessous la pivoine coralline) forment des microstructures photoniques (ci-dessus et en bas vues au microscope électronique). Leur agencement (hauteur, longueur et espacement) diffracte la lumière et diffuse préférentiellement la couleur bleue.
De nombreuses plantes à fleurs ont appris à « manipuler » la lumière du Soleil et diffuser ainsi, autour d’elles, un halo bleu irisé à peine visible pour l’œil humain ! Le but : attirer les abeilles. Telle est la surprenante découverte réalisée par des botanistes, physiciens et chimistes de l’université de Cambridge (Royaume-Uni). On sait depuis une quinzaine d’années que les abeilles sont quasi insensibles aux couleurs sauf à la lumière bleue. Dans la nature, celle-ci est produite généralement par des pigments moléculaires. Ils absorbent la majeure partie de la lumière visible à l’exception des longueurs d’onde comprises entre 440 et 500 nanomètres, qui correspondent à la couleur bleue. Mais la plupart des plantes à fleurs, appelées également « angiospermes », n’ont pas les capacités biochimiques de créer de tels pigments ! Très peu d’espèces arborent effectivement une teinte azurée (comme l’ancolie ou l’agapanthe), les couleurs blanc, rouge, rose, jaune ou orangé étant bien plus répandues. Depuis 100 millions d’années, les plantes à fleurs ont donc développé une autre stratégie pour produire, malgré tout, ce signal lumineux et ainsi » taper dans l’œil » des abeilles.
En étudiant une douzaine de plantes à fleurs d’origines géographiques différentes – telles l’adonis d’été, la pivoine coralline ou la tulipe Reine de la nuit -, l’équipe britannique a découvert que leurs pétales produisaient tous le même type de halo allant du bleu à l’ultraviolet. Il permet de guider les abeilles quelle que soit la « couleur pigmentaire » de la fleur ! Un phénomène qui résulte d’une multitude de stries présentes à la surface des pétales.
Une stratégie identique malgré les différences
Comme l’explique Céline Fiorini, du Laboratoire d’électronique et de nanophotonique organique du CEA (Saclay, Essonne), « ces stries, dont la hauteur et l’espacement mesurent quelques centaines de nanomètres, diffractent la lumière à la manière des sillons gravés sur un CD, ce qui produit des effets d’irisation ». Le plus étonnant, c’est que ces structures sont partiellement irrégulières. Et c’est de ce désordre que naît le halo bleu ! En fabriquant des stries artificielles dont la largeur, la hauteur et l’espacement étaient modifiés aléatoirement, « les chercheurs ont compris que toutes les plantes considérées diffusaient préférentiellement la lumière bleue malgré des agencements et des niveaux de désordre très différents, les défauts se révélant finalement un avantage », précise Céline Fiorini. Pour les chercheurs, les angiospermes auraient évolué indépendamment pour aboutir à un même phénomène optique qui attire les pollinisateurs.
source: sciencesetavenir.fr